Le retour de la 3D boosté par l’IA abordable l’avis de Werner Herzog et des experts

La 3D au cinéma pourrait-elle connaître un nouvel essor grâce à l’intelligence artificielle ? Cette question anime actuellement les débats parmi les professionnels du secteur, alors que les chiffres récents montrent un regain d’intérêt du public pour les films en trois dimensions. Après plusieurs années de désaffection, les ventes de billets 3D en Amérique du Nord ont bondi de 34 % entre mai et juillet 2024, laissant entrevoir une évolution inattendue du marché.

Un retour en grâce soutenu par la technologie

L’essor actuel de la 3D n’est pas sans lien avec les progrès rapides de l’IA appliquée à la production audiovisuelle. Contrairement aux précédentes vagues de popularité, ce regain est marqué par l’arrivée d’outils de conversion et de création 3D automatisés, capables d’abaisser considérablement les coûts et les délais de postproduction. Grâce à ces solutions, des studios peuvent désormais transformer des séquences 2D en images tridimensionnelles de qualité, sans recourir aux processus longs et coûteux qui avaient freiné l’adoption de la 3D lors de ses précédents cycles.

Des chiffres qui interpellent l’industrie

Selon des données recueillies auprès des exploitants nord-américains, la fréquentation des séances 3D a progressé de façon significative au cours de l’été 2024. Cette dynamique s’explique notamment par la sortie de superproductions bénéficiant d’une conversion IA, qui ont permis d’attirer un public curieux de découvrir ces nouvelles expériences visuelles. L’effet waouh généré par l’animation et la profondeur de champ renouvelées semble séduire à nouveau, alors que la lassitude s’était installée depuis la dernière décade.

L’avis des experts et des créateurs

Plusieurs réalisateurs et spécialistes du secteur, dont le cinéaste Werner Herzog, voient dans cette tendance un phénomène à double tranchant. D’un côté, l’IA offre la possibilité de démocratiser la 3D, jusque-là réservée à de coûteuses productions. De l’autre, certains s’inquiètent de la standardisation artistique que pourrait provoquer une généralisation des conversions automatisées. Herzog souligne que « la véritable force du cinéma 3D réside dans l’intention artistique, non dans la simple prouesse technique », mettant en garde contre le risque d’un appauvrissement de la créativité.

L’impact sur la production et la diffusion

L’adoption de l’IA dans le processus de création 3D permettrait à de nombreux studios indépendants de s’approprier ce format, relançant ainsi la diversité des œuvres proposées en salles. Les plateformes de streaming surveillent également de près ces évolutions, envisageant d’intégrer la 3D automatisée à leur catalogue pour offrir de nouvelles expériences à domicile. Cette démocratisation pourrait transformer durablement les habitudes de consommation du public, sans pour autant garantir la qualité artistique des productions.

Enjeux économiques et perspectives

La baisse des coûts de conversion rend la 3D plus accessible, mais pose aussi la question de la saturation du marché. Les exploitants et distributeurs espèrent que l’effet de nouveauté saura s’inscrire dans la durée, alors que certains films convertis à la hâte risquent de décevoir un public désormais plus exigeant. La prudence reste donc de mise, même si la tendance semble marquer un tournant.

Le retour de la 3D, sous l’impulsion de l’intelligence artificielle, s’annonce comme un phénomène à suivre de près. Entre opportunités économiques, défis artistiques et interrogations sur la pérennité de cette nouvelle vague, le secteur du cinéma s’apprête à explorer, une fois encore, les frontières du possible.